« l’attique s’habille d’un métal prépatiné atemporel et pousse le fonctionnalisme industriel du XIXème siècle à la limite de l’abstraction »
TYPE
Equipement d’enseignement Supérieur
CLIENT
Université Jean Monnet et EPASE
EQUIPE
K ARCHITECTURES mandataire, Aline Royer, architecte cheffe de projet
AIA INGENIERIE (BET TCE),
AIA STUDIO ENVIRONNEMENT (BET HQE),
ITAC (ACOUSTICIEN)
SURFACE
7 235 m2
BUDGET
16,2 M€
PROGRAMME
pôle innovation, pôle ressources et services documentaires, pôle enseignement, ateliers de recherches appliquées
AVANCEMENT
Achevé parfaitement en septembre 2022
SITE
Saint-Étienne Site Manufacture bâtiment des Forges
MISE EN ŒUVRE
Pierre, bois, béton, métal
CALENDRIER
2015/2022
DOSSIER DE PRESSE / PRESS BOOK
DOWNLOAD/TELECHARGER
[ extrait ]
LE CONTEXTE
Cet édifice est l’une des ailes principales de l’ancienne manufacture d’armes de Saint-Etienne. Cette cité industrielle a été bâtie en 1864. Elle s’étend sur une surface de douze hectares au nord du centre-ville. Conçue dans l’esprit des architectures rationalistes du XVIIIe siècle telles que les Salines de Claude Nicolas Ledoux ou du Grand-Hornu près de Mons, la manufacture est un « palais » industriel et militaire composé bourgeoisement de pierres blanches et de briques rouges. Elle incarne l’idéal esthétique d’une époque enivrée par les fortunes générées par la révolution industrielle. C’est également un site emblématique de l’histoire de la Ville dont la reconversion en quartier créatif accueille des programmes prestigieux comme la Cité du Design et des antennes universitaires ainsi que le Centre des Savoirs pour l’Innovation (CSI). Ici, la rencontre du patrimoine architectural industriel avec le monde de la culture et de la connaissance d’aujourd’hui, a engendré indéniablement un « génie des lieux ». « Les Forges » est le bâtiment qui compose la façade est de l’ancienne cité industrielle. L’édifice de style néo-classique était un atelier de 135 m long qui portait sur 22 m. Le déclin de l’usine aboutira à sa fermeture définitive en 1989. Tout le site fût abandonné au destin merveilleux de friche avant d’être inscrit au registre des monuments historiques en 2006. La forge est l’un des éléments qui aura attendu sa reconversion le plus longtemps. Elle aura enduré près de 30 ans d’abandon et brûlera même en partie. Il ne restait d’elle que quatre façades dégradées dont la principale était éventrée.
L’ENJEU
Le CSI a été serti au plus près des vestiges de l’atelier des Forges. Car le programme était plus volumineux que le bâtiment existant, un tiers des surfaces demandées débordait de ses volumes capables ; un tiers devait submerger au-dessus de ses corniches bourgeoises.
LE CONCEPT
L’architecture a cherché l’équilibre fragile et exaltant entre un patrimoine inscrit aux registre des monuments historiques et une écriture contemporaine. L’attique a été dessiné aux confins du minimalisme, là où cette tendance artistique majeure pousse le référent pittoresque à la limite de l’abstraction. Ce référent est puisé dans le fonctionnalisme industriel du XIXe siècle. C’était une époque où la lumière naturelle était reine et les façades des ateliers rivalisaient de transparence pour la capter. C’était l’époque où le romantisme s’élançait doucement vers la modernité. C’est dans ce sens que le volume bâti en extension a été dessiné comme une abstraction de verrière avec un métal prépatiné atemporel. L’objet se matérialise par une répétition systématique de bandes verticales alternant verre et métal. Ces lignes graphiques s’enchaînent sur un rythme inflexible et se déroulent sur les quatre façades du projet. Vues de face, les lames d’acier rouillé se dérobent au regard et donnent à lire une massivité transparente. De profil, les lames d’acier masquent rapidement les fines baies et donnent à lire une massivité opaque. Ainsi, ceux qui longeront cette façade la verront s’opacifier au fur et à mesure qu’ils éloigneront leur regard. Les six travées d’arcades, anciennement détruites en partie centrale après l’abandon du bâtiment, ont été reconstituées dans cet esprit d’abstraction atemporelle. Ici, les lames d’acier se densifient sur les traces des arches de pierre pour en évoquer les contours disparus. Trois niveaux ont été développés dans l’enveloppe de l’ancien atelier. Le rez-de-chaussée est affecté au pôle Innovation composé de nouveaux ateliers qui accueillent des machines de haute technologie destinées à la recherche appliquée. L’étage se partage entre un Learning Center (centre de ressources documentaires), un incubateur d’entreprises et de l’enseignement innovant. Enfin, l’attique est occupé dans son intégralité par un pôle enseignement. L’architecture intérieure est sobre et lumineuse. Les ambiances feutrées combinent des blancs minéraux mats et des bétons bruts. L’agora met en scène ce thème sur une triple hauteur. La toiture est couverte de zinc et orientée en impluvium pour, d’une part, la faire disparaître dans le paysage urbain et, d’autre part, pour réduire la profondeur des puits de lumières destinés à éclairer naturellement l’axe central des plateaux. Aucune machine comme les centrales de traitement d’air ont été posées sur cette toiture. Tous ces éléments disgracieux ont été intégrés aux volumes bâtis. Enfin, la pierre structurelle du vestige a été restaurée et intégrée dans le schéma statique global. Un complexe singulier, interposant à la pierre un mur à ossature bois et des portique béton, a été conçu spécialement pour cette opération.